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gerait-tu ne peux me démentir, Raimonda.

La pauvre fille cacha sa tête dans ses mains et pleura de voir son dévouement refusé.

On fit lever la mère de Nieddu.

Elle tint à confirmer le fait de la visite de Pietro de Murgia et de l’avis qu’il avait donné à Nieddu de fuir, s’il ne voulait être arrêté. C’était à peu près d’ailleurs tout ce qu’elle savait, la pauvre femme. Elle répondit aux questions du président que c’était bien vrai que son fils ne dormait pas toutes les nuits. Il n’était point comme un autre et elle fit son éloge : il était bon, doux, complaisant, il ne l’avait jamais brutalisée, — terrible critique des mœurs générales, — il ne faisait pas même de mal aux bêtes, et il était si bon pour ses sœurs, qu’il les menait deux fois par an aux fêtes des environs, etc., etc.

Le président fit cesser bientôt le panégyrique maternel. D’autres témoins à décharge vinrent dire la même chose ; l’un d’eux affirma, comme une chose extraordinaire, que Nieddu avait peur de surmener son cheval et d’aiguillonner ses bœufs ; il dit cela en riant, et tout le monde en rit après lui. Mais les vrais témoins à décharge étaient les pasteurs, le Sirvone, et le siguor Porqueddu. On les fit revenir encore ; on s’efforça de nouveau de leur faire préciser l’heure où Nieddu leur avait parlé, surtout le 27 octobre. Était-ce bien avant l’aube ? — N’était-ce pas vers cinq heures ? — Avait-il l’air fatigué ? — Sa voix était-elle émue ? — Ses habits avaient-ils de la poussière ? — Enfin, ne s’étaient-il pas aperçus qu’une de leurs juments eût couru cette nuit-là ?

Toutes les réponses furent négatives ou incertaines, et Cubeddu, impatienté, finit par dire au président :

— Ma foi, monsieur le juge, si vous m’aviez prévenu d’avance de faire attention à toutes ces petitesses, je pourrais peut-être vous en dire plus long ; mais j’avais alors : autre chose en tête et n’ai point coutume d’y regarder de si près.

Déclaration qui fut accueillie par un murmure approbateur du public.

Les débats furent suspendus pendant deux jours, le samedi et le dimanche ; puis se rouvrirent la semaine suivante pour le réquisitoire et les plaidoiries.

L’avocat général, soit qu’il fût pénétré de