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conviction, était plus simple et meilleur !

Cependant, précisément parce qu’il y avait doute, les débats n’en furent suivis qu’avec plus d’ardeur. On entendit les carabiniers qui avaient arrêté Nieddu. Je m’attendais à quelque chose d’écrasant pour l’accusé dans la relation des propos échappés à la colère de Raimonda. Il n’en fut rien. L’étrange fille, avertie, soit par un regard de son amant, soit par son propre instinct, avait épanché sa rage sans le compromettre. Elle fut le premier témoin décharge et tint sa promesse de s’accuser elle-même pour justifier Nieddu.

C’est moi, dit-elle, qui l’ai prié de me venger et lui ai dit qu’après seulement, je serais sa femme ; et sans cesse je lui rappelais sa promesse et l’encourageais. Il ne l’a pas fait ; ce n’est pas lui qui a tué Antioco ; mais il voulait le faire ; il vous l’a dit : Eh bien ! il n’est pas même coupable de cela ; car c’est moi seule qui le voulais, et il m’obéissait parce qu’il n’aimait. À présent, j’en suis fâchée ; il à trop souffert ! Elles sont dures vos prisons, messieurs les juges ! Et cependant huit mois, c’est trop pour le mal qu’il a voulu faire, et si vous le punissiez encore, ce serait injuste. Alors, plutôt, qu’on me punisse, moi ! car c’est moi le vrai coupable ! C’est moi qui ai attaché à la porta de l’église le gant sanglant. C’est moi la seule cause de tout. Je l’ai tant dit à M. le juge ; pourquoi n’a-t-il pas voulu m’écouter ? Ce monsieur l’a bien reconnu, ajouta t-elle en montrant le ministère public, puisqu’il a dit tant de mal de moi. Alors, qu’on laisse donc aller Fedele et qu’on me punisse !

Le président lui imposa silence, en lui disant qu’elle n’était pas là pour plaider en faveur de l’accusé. Celui-ci se leva, et d’une voix légèrement altérée, premier signe d’émotion qu’il eût donné, il pria la cour de ne pas tenir compte du dévouement d’une fiancée, qui cherchait à le défendre, au prix même de son honneur à lui.

— C’est moi, dit-il, d’une voix forte, — et j’adjure ici Raimonda de reconnaitre la vérité, c’est moi qui, le soir du 12 mai, à quelques pas de sa maison, lui ai dit : — Je suis ton seul protecteur, puisque tu n’as plus ni père ni frère ; dis-moi si tu as à te plaindre d’Antioco, et si cela est, je te ven-