Page:Leo - Grazia.djvu/354

Cette page n’a pas encore été corrigée

adressait sur ces points, dans le but de fixer l’heure de l’assassinat, la faisaient évidemment souffrir. Elle finit par fondre en larmes et ce ne fut qu’au milieu des sanglots qu’elle put achever de raconter l’inquiétude, vague d’abord, qui l’avait saisie, et qu’elle avait communiquée à sa belle-mère, les investigations, un instant suspendues par un faux propos, reprises avec ardeur après l’heure du déjeuner, enfin la découverte du cadavre dans le jardin, vers onze heures. On la ramena à sa place toute chancelante et couverte de larmes.

— Voilà une petite femme qui aimait fort son mari ! dit un juré suppléant.

Et ce fut sur ce mot que finit la seconde journée du procès.

La troisième s’ouvrit par la déposition de la mère d’Antioco.

Pour peindre la mort de son fils, et appeler la vengeance de la justice sur le meurtrier, elle retrouva les accents du premier jour, et fit une grande impression sur les jurés et sur l’auditoire. Après elle, furent entendus les domestiques de la maison, qui avaient fait les recherches et trouvé le cadavre. Une femme, voisine du jardin, avait entendu le coup de feu ; mais elle ne s’était point levée pour cela ; les coups de feu ne sont pas si rares. Quelle heure était-il ? Elle n’en savait rien ; ce devait être vers le matin ; puis, elle s’était rendormie.

Annetta Gobi, dix-huit ans, servante des Tolugheddu, est allée, le 27 octobre, laver un paquet de linge au ruisseau qui traverse le jardin. C’était à l’aube ; elle n’a rien vu, rien entendu. Si elle avait su… grand Dieu ! elle serait morte de peur ! et rien que de penser qu’elle est restée là une heure de temps, pas bien loin du cadavre !… — Elle en frémissait encore, et croyant devoir au tribunal toute la vérité, puisqu’elle avait promis de la dire, elle ajoute qu’elle a eu le tremblement de la fièvre pendant huit jours après cela.

André Léo.

(À suivre.)