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ta, puis recula ensuite devant l’exécution. — Et pourtant, lui avait dit Pietro, il n’est pas même besoin que tu t’en mêles ; une somme d’argent donnée à tel que je connais, et une querelle entre banditi… — Ah ! quel malheur que ce plan n’ait pas été réalisé. Je n’ai qu’une chose à reprocher à Pietro ; c’est de ne me l’avoir pas communiqué à moi. Nous ne serions pas à présent dans le deuil.

— En effet, observai-je, c’est un manque de confiance à votre égard, et…. — Il m’a dit à cela que j’étais trop généreux, que j’aurais voulu payer de ma bourse ou de ma personne, et que cela ne devait pas être, que c’était aux Tolugheddu père et fils à s’exécuter. Il a peut-être raison…

— Mais alors comment s’est-il écrié en pleine audience, hier, que l’assertion de Nieddu était une infâme calomnie ?

Il a manqué de réflexion sur le moment, c’est fâcheux ; mais vous sentez qu’il ne pouvait pas exposer ses raisons devant la justice. Au reste, cela n’importe en rien au procès, et Nieddu a commis là une vilenie inutile. Si la chose se représente, Pietro trouvera, m’a-t-il dit, le moyen de l’arranger.

Nous n’en doutâmes point, et nous commençames à trouver qu’il pouvait être difficile de dessiller les yeux de don Antonio.

Comme nous arrivions à la cour d’assises, un groupe était devant la poste, causant avec animation autour d’un homme dont la vue me frappa : il était grand, de traits assez doux ; ses cheveux droits et longs, tombant de dessous son bonnet, se mêlaient à sa barbe ; maigre et les joues un peu caves, il n’en avait pas moins sur les lèvres un sourire indéfinissable, plein d’émotion intérieure, et ses yeux, attachés sur le groupe qui l’entourait, souriaient également. Il y avait à la fois de la joie et de la fierté dans son attitude, et ses interlocuteurs lui parlaient en courtisans.

— J’ai vu cet homme là quelque part, dis-je à Effisio ; qui donc est-il ?

Mon ami porta sur le groupe ses yeux rêveurs, et je le vis faire un geste de surprise. Au même instant, me revint le nom de