faite à Pepeddo de ses intentions meurtrières contre Antioco. Mais il nie d’avoir assassiné Pepeddo. Il était ce soir-là tout près de Gonnara, avec le Sirvone. Ils ont été rencontrés ensemble venant de ce côté-là, sur la route de Mamoiada, par un habitant de Nuoro, en- viron deux heures après l’accident.
— Vous aviez eu le temps de vous enfuir par les champs et les ravins, et vous rève- niez ainsi par la route, pour faire croire à un alibi ?
— Monsieur le président est sans doute très-bon marcheur ?
Cette réponse fit rire, car le président des assises était un homme court et ventru. Il reprit d’assez mauvaise humeur :
— Pourquoi vous êtes-vous enfui ?
— Pour n’être pas arrêté.
— Et comment saviez-vous que vous alliez être arrêté ?
— J’en fus averti par Pietro de Murgia, qui m’apprit en même temps la trahison de Pepeddo.
— Quoi ?… Comment… Que dit-il ?
Telles furent les exclamations, des yeux plus que des lèvres, qui se croisèrent de toutes parts. On cherchait Pietro de Murgia. Pale, il s’élança du banc où il était.
— C’est faux ! cria-t-il.
— Taisez-vous, témoin, dit le président ; vous pourrez démentir cela plus tard.
— Moi, je le prouverai ! dit Nieddu.
— C’est une infâme calomnie ! répliqua de Murgia en se rasseyant ; mais en même temps, de l’autre côté, se levait la mère de Nieddu, très-émue, qui, étendant la main, s’écriait :
— C’est vrai ! j’y étais, moi !
Et la vieille paysanne se rassit, toute confuse de son audace.
Cela fit un grand effet ; on chuchotta, et le sentiment général semblait hostile à de Murgia. Don Antonio était fort troublé. Le président reprit :
— Vous savez que votre cousine Raimonda, parlant à Effisedda de Ribas, à la fontaine de Gurgurigal, lui a prédit la mort du fiancé