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— C’est parce que je serais vivement intéressé dans une affaire que je l’abandonnerais aux soins d’autrui ? Cela me parait étrange.

— Vous êtes subtil, mais vous n’avez pas raison. Laissons cela. À quelle époque avez-vous formé des projets de vengeance contre Antioco Tolugheddu ?

— Un soir de mai, le 12, je crois, après avoir appris de ma cousine Raimonda qu’Antioco Tolugheddu avait essayé de la séduire, en lui promettant le mariage.

— Antioco Tolugheddu a nié ces promesses ?

— Il mentait.

Des exclamations s’élevèrent du côté des Tolugheddu et des Ribas, et le président dit à Nieddu :

— N’insultez pas votre victime ! Ne voyez-vous pas que vous soulevez la conscience publique ?

Nieddu répondit sans se troubler :

— Antioco Tolugheddu n’est pas ma victime, et la conscience publique devrait plutôt se soulever contre qui cherche à abuser et perdre une femme, avec des paroles d’amour.

— Vous auriez dû simplement vous occuper de ramener votre cousine à l’observation des lois de réserve et de modestie, qui sont l’apanage de la femme, et veiller sur elle de plus près.

— Raimonda n’avait été qu’imprudente ; elle le reconnaissait ; elle en souffrait ; elle était punie. Il n’entre pas dans mon caractère d’écraser ceux qui sont victimes : il me semble plus juste et plus digne de s’en prendre au coupable.

Un murmure d’approbation accueillit cette déclaration, parmi le public de la première enceinte, et quand Nieddu ajouta :

— Nous autres Sardes, nous pensons ainsi !

Des bravos éclatèrent, aussitôt réprimés par la voix sévère du président.

— Répondez plus simplement ; nous n’avons pas besoin de vos réflexions. Vous êtes allé trouver les Tolugheddu ?