Nieddu se leva, et l’on ne put ne pas admirer l’élégance de sa personne et la noblesse de son attitude.
— Quel âge avez-vous ?
— Vingt-quatre ans.
— Votre état ?
— Contadino (paysan).
— Vous aimez la poësie ? On vous cite comme un des improvisateurs aimés dans les veillées et dans les fêtes.
— J’aime à lire et à chanter.
— Comment ce goût ne vous a-t-il pas préservé d’idées sanguinaires et criminelles ?
— Que voulez-vous dire ? J’ai vu que la conscience des hommes de tous les temps regardait le châtiment comme le salaire naturel de la faute, et la récompense comme due aux actes louables.
— Cela est vrai, mais ne donne à personne le droit de se faire juge en sa propre cause.
— Lorsqu’on m’a rendu service, je ne vais point chercher un autre pour le charger de ma dette. Pourquoi ferais-je autrement lorsqu’il s’agit de punir une offense ?
— Parce que, sur ce point, vous devez vous défier de vous-même. On est trop intéressé dans sa vengeance pour ne pas dépasser la simple justice. Il y a des magistrats…