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braises couvertes de cendre et ranimait toutes les passions.

Les yeux de Raimonda flamboyèrent quand le ministère public parla d’un ton sévère de la légèreté de sa conduite avec Antioco, la présentant en ceci comme la seule coupable, et quand il flétrit ensuite l’audace de son caractère et la persévérance de sa haine. Et tandis que Grazia, aux détails de l’assassinat, sanglotait, un cruel [sourire se jouait sur les lèvres de sa rivale. Animés d’expressions plus où moins poignantes, plus ou moins âpres, étaient les visages des autres intéressés. La mère d’Antioco, tantôt étouffait ses gémissements dans la vaste jupe noire, relevée comme un manteau, dont elle s’était enveloppée, tantôt jetait sur l’accusé des regards terribles. Le père était livide, et l’on eût dit que ses lèvres tremblantes murmuraient des serments de haine. Impressionnable non moins que Grazia, l’œil fixe ct lé visage empourpré, don Antonio semblait se confirmer à lui-même des résolutions implacables. Effisedda, les traits serrés, immobile, s’efforçait de se bien tenir ; mais on pressentait qu’au moindre choc, elle allait crier ou fondre en larmes. À l’autre bout de l’autre banc, la mère ce Nieddu, triste, effarée, surexcitée malgré elle par ces violentes peintures et ces appels à la vengeance sociale, jetait sur son fils de longs regards éperdus. Seul, l’accusé, les yeux errants sur les juges et sur l’assemblée, sourd, on l’eût dit, à l’accusation qui l’accablait, restait plongé danr son rêve tranquille.

Vint le moment de son interrogatoire.

— Accusé, levez-vous !

André Léo.

(À suivre.)