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glante[1] dans laquelle se voyaient encore des lambeaux du masque noir ! Tel qu’il étail, ce cadavre, ne pouvait être reconnu même par un fils, même par une épouse ! Il ne pouvait trahir ceux qui l’avaient laissé là.

Je m’enfuyais, saisi d’épouvante, en face de ce trait d’astuce et de férocité, vraiment sauvage, quand je me heurtai au sindaco Lortu.

— Est-il vrai, signor Francese, que le presbytère ait été cette nuit l’objet d’une grazsasione ?

— Qui n’a pas réussi, monsieur. Vous avez dû entendre les coups de feu ?

— Oh ! non, je demeure loin et j’ai le sommeil dur. C’est un voisin de M. le vicario qui est venu me prévenir. Ce pauvre vicario ! doit avoir eu grand’peur ?

— Les voisins ont eu plus peur encore, puisqu’ils ne sont pas venus nous aider.

De sa fenêtre, don Gaetano, un sourire narquois aux lèvres, assistait à cet entretien.

— Ah ! ah ! sindaco Lortu, vous venez voir si je ne suis point mort ?

— Je viens vous offrir mes félicitations, signor vicario, et savoir…

— Eh ! eh ! c’est cette nuit que les félicitations eussent été meilleures ! Mais si vous voulez savoir, signor, entrez ! entrez !

Je laissai aux prises les deux autorités ennemies de X…, et restai sur le champ de bataille, où mon œil venait d’être frappé d’un objet que je ramassai. C’était un cordon de caoutchouc dont beaucoup de Sardes entourent leur tête pour consolider leur bonnet autour du front. Celui-ci, par exception, était bleu, car généralement on les porte noirs. J’appelai Cabizudu pour lui montrer cet objet ; puis, l’allai porter au syndie Lortu, qui représentait la justice en cette affaire.

Ils étaient occupés, lui et le curé, à se chamailler sur les circonstances de l’événement, et don Gaetano criait comme un sourd,

  1. Historique. Avril, 1877.