Page:Leo - Grazia.djvu/332

Cette page n’a pas encore été corrigée

les rencontrent et ne leur demandent d’où As viennent et où ils vont, chacun d’eux, au point du jour, sera rentré chez lui, ou bien fera plus tard son entrée paisiblement dans le village, avec sa bertola pleine d’herbe, comme un bon travailleur, qui s’est levé matin pour procurer de la nourriture à son cheval. Seulement, les blessés…

— Vos paroissiens, observai-je, me paraissent d’humeur peu belliqueuse ?

— Ah ! les poltrons ! les pleutres ! les couards ! s’écria don Gaetano, épuisant tout le répertoire des mots destinés à exprimer le mépris et la colère. Ils ne perdraient pas un ronflement pour défendre leur curé. Canailles ! Oui, oui, ils entendaient fort bien ! mais trouvaient plus doux de remettre la tête sur l’oreiller. Demain seulement, ils viendront tous, pour voir ce qui s’est passé et faire de belles exclamations, et toutes sortes de caquets. Je sais bien qu’on ne peut pas arriver là tout seul comme à la fête ; mais s’ils s’étaient réunis une vingtaine, bien armés !… En tout cas, ce n’est pas le sindaco-Lortu qui se serait mis à leur tête. Et pourtant, c’est le rôle de l’autorité civile de combattre, et non pas celui des gens d’église. Ah ! si nous les avions attendus !… — Eh bien ! monsieur, ajouta t-il en se tournant vers moi, commencez-vous à comprendre l’utilité des verrous, des judas et des fenêtres grillées à X… ?

Le jour parut que nous causions encore de notre aventure. Aussi vantard que bavard, Cabizudu était revenu dix fois déjà sur sa bonne idée, sur sa vaillance, la peine qu’il avait eue pour décider à le suivre, Cocco, le mari de la Nanina, les dangers qu’il avait courus, le grand succès de ses coups de feu. Don Gaetano l’écoutait avec assez d’impatience. Car tout cela était un appel évident et trop direct à des témoignages de reconnaissance peu familiers, disait-on, au vicario. Quand enfin je remontai dans ma chambre, voulant essayer de dormir un peu, Cabizudu me suivit.