Page:Leo - Grazia.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vité par de Ribas, il devait venir à Nuoro, fêter le 1er  mai, qui était le surlendemain.

Puis, nous reprîmes le chemin du retour. Bêtes et gens étaient fatigués. Néanmoins, quand un des jeunes gens se fut écrié que si nous ne faisions pas quelque hâte, nous n’arriverions pas avant la nuit, bon gré mal gré, nos pauvres montures durent prendre le galop.

— Et qu’importe la nuit ? dis-je à Effisio, Notre nombre et nos armes ne nous permettent pas de craindre une attaque.

Il sourit.

— Ce n’est pas cela. Si nous rentrons la nuit, on ne nous verra pas, et nous rapportons des trophées.

En effet, aux abords de Nuoro, une bande. de gamins, parmi lesquels au premier plan Quirico, vint à notre rencontre, en poussant de grands cris de joie. À la vue des peaux de daim et de sanglier, Quirico s’informa quels étaient les vainqueurs, et en apprenant que c’était son père qui avait tué le sanglier, il s’empara de la peau, la mit sur une perche, et se plaça fièrement devant don Antonio, comme on portait autrefois à Rome devant le vainqueur les dépouilles de l’ennemi. Un de ses acolytes en fit autant pour celui qui avait tué le daim ; et ce fut ainsi que nous fîmes notre entrée dans la ville de Nuoro, en ayant soin de prendre la grande rue — qui n’était nullement le chemin de la maison des Ribas — où toute la troupe nous reconduisit.


II

Les jours suivants, il devint évident pour moi, qu’en me cédant pendant huit jours à de Ribas, Effisio n’avait pas fait un sacrifice douloureux. Car il avait ainsi, grâce à moi, l’occasion de voir Grazia tous les jours et de lui parler librement. Les droits que la maison de Ribas avait à ma présence furent scrupuleusement respectés. Rarement, Effisio, de lui-même, me proposa de