feu, trop précipités, leur eussent fait le moindre mal. Je tirai de nouveau contre ceux qui continuaient d’ébranler la porte, et cette fois je vis l’un d’eux se retirer en boitant ; les autres alors, lâchant les leviers, s’écartèrent. Devant cette retraite, un grand, qui semblait le chef, se mit à lancer une volée de malédictions :
— Lâches ! la canardière d’un curé vous fait tant de peur ! Dépêchons-nous ! Encore quelques pesées, et la porte cédera, et vous tailladerez à votre aise sa panse goulue, pour le mal qu’il nous aura donné ! Et nous plongerons les mains dans son or et dans ses billets ! car il en a, le pillard ! Allons-nous reculer devant un seul homme ?
— Ils sont deux ! observa l’un des grassatori.
— Oui, deux, parbleu ! son compère ! Il y a aussi la catin. Est-ce qu’un vieux prêtre et un c… sont deux hommes ? Un peu de courage et nous sommes dedans ! alors…
Il ajouta des paroles féroces et obscènes. Tout en parlant ainsi, il avait tiré de mon côté ; mais à travers l’étroite lucarne, il était difficile de m’atteindre. Je ripostai, et, prenant un moment favorable, je visai ce chef : la balle me parut avoir touché son capuchon, qui tomba sur ses épaules ; mais il ne fut pas blessé ; car proférant des jurons effroyables, il se précipita sur la porte, avec ses hommes, et l’ébranla d’une poussée furieuse. Ne prenant que le temps de recharger, je tirai de nouveau : en même temps, d’autres coups de feu retentirent, de plusieurs côtés à la fois, contre les assaillants : parmi eux, deux hommes tombèrent. Ce fut le signal d’une panique décisive. Je les vis s’éparpiller tous, les uns fuyant à toutes jambes, les autres s’occupant de ramasser les blessés. En un moment toute la place fut balayée.
— J’allais descendre, quand j’aperçus don Gaëtano près de moi. Il avait son fusil qui sentait la poudre.
— Eh bien ! me dit-il, bataille gagnée !