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eu beau chercher et les carabiniers courir la campagne, les grassatori sont rentrés chez eux. Pas plus tard qu’il y a quinze jours, un voyageur a été arrêté sur la route de Mamoïada ; et on lui a tout pris, argent, montre et bague. Je ne veux pas qu’il en arrive autant à Sa Seigneurie, vous comprenez.

— Mais, Cabizudu, devant une bande de brigands, vous et moi… ?

— Ils ne sont pas toujours une bande, signor, et en tous cas deux valent mieux qu’un. Puis, vous voyant avec un homme du pays…

Bref, je dus emmener Cabizudu : il aimait la cuisine du presbytère, et sa rancune contre la Nanina était passée.

Au sortir de Nuoro, comme nous foulions, par un soleil brûlant, une de ces infectes sentines, par lesquelles les Norésiens semblent vouloir interdire l’entrée de leur ville, à la manière dont la huppe interdit l’entrée de son nid, je fis un geste de dégoût.

— Ah ! signor, s’écria mon babillard de compagnon, ce n’est pas ici comme à Paris !

— La ville de Nuoro n’a point à s’occuper de celle de Paris, dis-je ; mais elle pourrait ne pas commettre la stupidité d’infecter ses chemins pour ne pas fumer ses terres.

— Comment, monsieur ! Et qu’est-ce qu’on pourrait faire de ce fumier ? À moins de le brûler plus souvent, ce qui serait mieux, à coup sûr…

— Il n’y a que les Sardes, Cabizudu, pour perdre ainsi de gaité de cœur ce qui est considéré partout ailleurs comme une grande richesse.

— Quoi, signor, c’est-il vrai que les Français mettent de ces malpropretés dans leurs terres ? Et ils osent après ça manger du pain !

Les Français condamnés par les Sardes au nom de la propreté, cela me parut superbe.

Ayant émis ce jugement, Cabizudu se moucha avec ses doigts et fourra sa main sous