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monda par Cabizudu. Elles étaient succinctes. Nieddu vivait dans la prison, muet et résigné. Rarement, sa mère et Raimonda étaient ad- mises à le voir. Raimonda était silencieuse et abattue. Elle allait prier dans les églises, et on la voyait souvent pleurer, assise à sa porte, et les mains croisées autour de ses genoux. Elle servait comme une fille la mère de Nieddu. Ce n’est pas qu’elle fût corrigée de sa violence ; car elle entrait en fureur au mot le plus léger prononcé contre son amant. Elle travaillait, allait en journée toutes les fois qu’on la demandait, soit pour laver le linge, soit pour faire le pain, soit pour travailler la terre, et elle employait ses économies à envoyer à Nieddu des aliments meilleurs que ceux de la prison, et à brûler des cierges devant la Madonna : C’était elle qui faisait les vêtements neufs qu’il devait porter à l’audience.

— Ah ! c’est une rude et vaillante fille, concluait Cabizudu, qui l’admirait en bon Sarde, sans la moindre restriction.

Ce n’est pas qu’il eût oublié Pepeddo ; máis c’était vraiment la faute de celui-ci, s’il s’était mis dans le cas d’être tué, et Cabizudu était trop juste pour ne pas le reconnaître,

Le procès tardant à s’ouvrir, j’allai voir le curé de X… pour lui demander des livres. Effisio ne put m’accompagner ; mais sachant fort bien le chemin, je n’avais nul besoin de guide. Cependant, Cabizadu voulut absolument venir avec moi,

— Non, signor, non ! vous n’irez pas tout seul ! Savez-vous qu’on n’entend plus parler, que de grassazioni depuis cette année ?

— Eh ! eh ! lui dis-je, l’année dernière, il n’en manquait pas.

— Excusez, signor ! il n’y en a eu que deux petites : l’attaque de la diligence près de Silonus, où don Effisio a été blessé, et une autre vers Bitti, chez un gros propriétaire. Mais cette année-ci, on a dévalisé chez un banquier plus de 60,000 fr., à ce qu’il paraît ! Et qui est-ce ? Nul n’en sait rien. Les juges ont