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courant du mois prochain. Il me parait impossible que le malheureux ne soit pas condamné aux peines les plus graves. On ne pourra plus alors m’opposer la supposition ridicule d’une vendetta possible, et peut être nos malheurs seront-ils finis. »

Décidément, le malheur de Nieddu était la fortune d’Effisio. Mais il n’y avait pas de la faute de mon ami ; Nieddu seul avait fait sa destinée, ou plutôt Raimonda.

Je revins donc à Nuoro. Il y en eut pour de longues heures de confidences et de récits, où mon ami se dédommagea des six mois passés en l’absence de son confident. Joies et douleurs tout, me fut versé ; mais les joies étaient passées ; car depuis la visite de don Antonio, Effisio n’avait pas osé se présenter dans la maison, en ayant reçu l’interdiction assez, nette, au moins jusqu’à ce qu’il se fait déclaré prêt à se faire le vengeur d’Antioco. Depuis trois semaines, il n’avait vu Grazia qu’à la dérobée, de loin. Leur seule ressource était de s’écrire, et ils n’y manquaient pas ; Effisio avait voulu la décider à des rendez-vous de nuit ; mais elle s’y était refusée.

— Elle a eu raison, dis-je, car ce pouvait être sa honte publique, peut-être sa mort. Prends garde ! Quelqu’un veille autour de vous, qui est plein de ruse et sans scrupules. Ce Pietro me paraît fort redoutable, et don Antonio est violent.

Fort de ma présence, Effisio vint avec moi chez les Ribas. J’y fus comme toujours bien reçu. Effisedda se jeta à mon cou. — Elle avait tort vraiment ; ce n’était plus du tout une petite fille ! — Grazia m’accueillit avec une effusion qui me prit au cœur. Je la trouvai plus expansive, plus aimable ; son intelligence, dans toutes ces luttes, se développait et s’affinait. Elle avait repris de la fraîcheur, et ses yeux brillaient de feux humides. Cependant, quand nous parlâmes du procès Nieddu, elle redevint grave, sombre et s’enveloppa de son deuil.

J’eus des nouvelles de Nieddu et de Rai-