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cellente qualité. Mais l’heure s’avançait et les plus impatients s’écriaient :

— Antioco ! Antioco !

Le fils de la maison vint enfin, en costume de chasseur, et serra la main à tout le monde, la mienne également, en m’affirmant qu’il était heureux de faire ma connaissance. C’était un beau garçon dans l’acception vulgaire, grand, fort, le visage épanoui, l’air bon enfant et satisfait de lui-même. Il se mit en selle aussitôt, et pour regagner le temps perdu, nous partîmes à fond de train sur les rochers qui pavent les rues d’Oliena et les routes de la montagne. Bientôt nous fûmes au milieu des chênes et des lentisques, et la battue commença. Je pris le parti de laisser mon cheval se conduire lui-même à la suite des autres, et je fis bien, car, tout en galopant, il évitait, avec une adresse remarquable, les troncs d’arbres où il aurait pu me briser les jambes. Les cris de nos compagnons retentirent, on signalait le sanglier. Je m’efforçais de suivre Effisio, qui galopait avec autant d’ardeur que les autres et criait de même. Ce n’était plus le soldat sérieux de la République universelle, ni l’amant rêveur de la jolie fille des Ribas, mais un vrai Sarde, chasseur et montagnard, enivré de course et de grand air. La balle de Ribas abattit le sanglier ; mais Antonio Tolugheddu l’avait blessé le premier. Après cette victoire, nous battîmes encore la montagne pendant plusieurs heures ; mais nous ne primes qu’un daim, bien que don Antonio demandât un cerf à grands cris. Quelle qu’eût été mon insuffisance comme chasseur, j’eus la meilleure part à la curée ; tout le monde cria :

— Double part à l’étranger !

C’est une habitude hospitalière. Je remerciai en termes qui plurent à mes compagnons, et tous se déclarèrent mes amis intimes. Et moi aussi, cette vivacité de sentiment me gagnait le cœur.

Nous reconduisîmes chez lui Antioco et le quittâmes en lui disant au revoir ; car, in-