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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 29 MAI 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

DEUXIÈME PARTIE.
XIV. — (Suite.)

Raimonda me montra ses dents blanches, dans un rire convulsif de jeune sauvage astucieuse.

— Je n’ai rien dit de plus à personne. Oh ! non, non ! je ne veux pas perdre Nieddu ! Je voudrais prendre sa place dans le cachot, ses fers autour de mes bras, lui donner la liberté qu’on me laisse ! Je voudrais au moins souffrir avec lui ! Pourquoi ne me prennent-ils pas aussi ? C’est bien injuste ! car c’est moi la seule coupable. C’est moi qui le poussais à haïr Antioco. Il ne voulait pas. Oh ! je m’accuserai, je m’accuserai !… Qu’ils me mettent en prison pour la vie s’ils veulent et qu’il soit libre seulement !

— Avez-vous un avocat ? lui demandai-je.

Elle ne répondit pas, et tout à coup je la vis s’affaisser à terre, les mains sur son visage, en poussant des cris étouffés.