Page:Leo - Grazia.djvu/30

Cette page n’a pas encore été corrigée

Grazia parut très-satisfaite de cette assurance. Elle me parlait ainsi naïvement, poussée par le besoin de s’entretenir d’Effisio, et sans paraître craindre mes commentaires. J’étais l’ami de celui qu’elle aimait ; pour cela, sans hésiter, elle m’avait donné toute sa confiance.

Les chevaux étaient prêts, et dans la rue une dizaine d’hommes et de jeunes gens a cheval nous attendaient. Nous partîmes. Sur la route qui descend en pente rapide, un des jeunes gens lança son cheval au galop ; tous l’imitèrent. Il me fallut bien faire comme les autres, mais j’avoue que la chose me paraissait imprudente et que je m’attendais à chaque instant à voir se dérober sous moi le petit cheval que je mentais. En pareil cas, rien n’eût été plus facile que d’aller rouler au fond du ravin. Cependant nous arrivâmes sans accident au bas de la pente, et nous suivîmes avec moins de fougue la route, taillée sur le flanc de la montagne, par laquelle j’étais venu.

— Nous allons dans les montagnes d’Oliens, me dit Effisio, en me montrant de loin uu gros village, situé sur une haute montagne blanche et unie, un bloc immense de granit.

— Il y a plus de gibier de ce côté ?

— Oui ; seulement ceux d’Oliena ne sont pas contents lorsqu’on va chez eux, sans être invités et conduits par quelqu’un d’eux. Cela produit quelquefois des lite (querelles). Je l’ai dit à de Ribas ; mais il ne veut entendre aucune observation. Je ne voudrais pourtant pas, à cause de vous…

— Quoi ? que craignez-vous ?

— Eh ! dans ce pays les fusils parterat aisément.

— Une bataille entre gens du même pays !

— Eh ! mon cher, entre gens da même village, cela arrive parfois. Du moins, dit-il en se reprenant, cela était ainsi autrefois ; maintenant c’est beaucoup plus rare.

— Est-il possible ! Et la force publique ?

Effisio haussa les épaules d’un air assez méprisant.