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comme auparavant, excepté qu’elle est veuve et qu’elle a son époux à venger.

— C’est à elle de choisir le vengeur, dit Pietro de Murgia. Heureux et fier sera cet homme !

C’était se mettre sur les rangs, le jour même des obsèques. De Ribas n’en parut point indigné. Effisio garda le silence.

Peu de jours après, Angela reprit le gouvernement de la maison. À notre retour d’Oliena, elle avait été très-mortifiée d’apprendre par nous une nouvelle si importante, dont ses esprits ne lui avaient soufflé mot. Elle essaya bien de me dire qu’elle avait ressenti quelque chose d’étrange ; mais n’y avait pas fait assez d’attention : je fus impitoyable et la forçai de convenir que ses esprits manquaient quelquefois gravement à leur devoir, ou qu’ils ne devinaient rien.

— Bon, bon ! me dit-elle, très-mécontente, en essayant de se rattraper par un sarcasme, ils n’ont pourtant pas si mal fait, en vous empêchant de vous embarquer ; et à présent je n’ai plus besoin d’être malade, Effisio ne partira pas.

Il n’en témoignait en effet nul dessein ; mais je le trouvais plus sombre et plus agité que la situation ne le comportait, à mont avis. Était-ce la vivacité des regrets donnés par Grazia à son époux qui l’avait blessé ? Mais la douleur comme l’amour, est une folie contagieuse. Il fallait pardonner cela à une exaltation, dont nous mêmes nous avions été saisis : J’attendais ses confidences, craignant de l’importuner, et cependant, huit jours écoulés, je commençai à me dire que je ne pouvais point passer ma vie à Nuoro, et je cherchai le moment d’en parler à Effisio. Mais, un soir, au milieu de la promenade que j’avais choisie pour traiter ce sujet, un spectacle inattendu saisit toutes nos pensées.

Nous étions à l’embranchement des trois routes et nous nous engagions sur celle de Macomer, quand un groupe venant éloigné sur la route de Mamoïada, attira notre attention. C’étaient trois carabiniers, escortant une char-