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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 28 MAI 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

DEUXIÈME PARTIE.
XIII. — (Suite.)

De temps en temps, du milieu des cris et des sanglots s’élevait le mot : — Vengeance ! vengeance ! Aussitôt répété par tous. Une atmosphère lourde, due à la présence de tant de personnes et augmentée par la combustion des cierges, par les émanations de ce corps sanglant, et le souffle ardent de toutes ces poitrines emplissait la chambre. À ce moment, il me sembla qu’elle s’accroissait encore d’un degré de chaleur, et moi-même je sentais mon cœur battre plus vite. Basilio et de Ribas étaient rentrés. Le père s’avança, la main étendue sur le cadavre, il dit :

— Antioco ! tu seras vengé !

— Oui ! oui ! mort à l’assassin ! cria-t-on de toutes parts.

Le vieil avare n’était plus reconnaissable ; il avait sur les traits la noblesse d’une grande douleur. On voyait des larmes ruisseler lentement sur ses joues caves ; sa voix étranglée par moments s’arrêtait, puis reprenait :

— Plus rien !… On ne peut plus rien pour toi… Rien que te venger ! Ç’a été ton dernier vœu, il sera rempli…

— Oui ! s’écria impétueusement l’Effisia,