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ses membres, et se relever sur ses genoux, que la balle avait rafdis ; qu’eût fait notre Antioco ? Il se serait précipité sur le meurtrier ; il l’eût étouffé dans ses bras, il eut enfoncé les ongles dans sa gorge, et de son pied, fortement appuyé sur la poitrine du misérable, il en eût fait sortir le dernier souffle ! Voyez cette bouche, qui s’est tordue en gémissant et ces yeux pleins de haine et d’horreur ! Et ces poings, roidis dans une vaine étreinte ! Il est mort dans la douleur de ne pouvoir se venger ; mais, ceux qui n’ont pas les genoux raidis et dont le cœur bat… Ceux-là le vengeront !

— Oui ! oui ! oui ! crièrent les hommes, il sera vengé !

— Et alors seulement il sera consolé dans sa tombe. Car c’est du sang qu’il faut aux hommes assassinés !

— Il sera vengé, reprit la mère d’Antioco, notre famille n’est point une famille de lâches. Mon grand-père aussi est tombé sous le fer d’un homme jaloux ; mais l’herbe n’avait pas eu le temps de pousser sur sa tombe qu’il fallût creuser celle du meurtrier.

— Ce ne sont pas non plus les de Ribas qui laissent leurs morts sans consolation et sans honneur, dit l’Effisia. Mon fils, don Antonio, a tué son rival, un Corrias, qui lui disputait sa fiancée. Mon mari, don Giovanni, poignarda un Napolitain qui avait osé le traiter de manant. Et il n’y a pas jusqu’aux femmes de notre famille qui ne savent dignement venger leur honneur. Eleonora de Ribas fut trahie par son fiancé. Elle prit un des pistolets de son père et, attendant l’infidèle sur un chemin par où il devait passer, elle l’étendit mort, après lui avoir reproché son crime. Plus tard, elle épousa don Marco Sarcedo, qui s’honorait d’une telle femme. Ainsi sont respectés ceux qui se défendent. Ceux-là sont les lions de la cité ! Les autres n’en sont que le vil troupeau, que chacun peut fouler aux pieds.

— Déjà, s’écria la mère, la dague des Tolugbeddu a goûté du sang des Nieddu ! C’est