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lèvres, après avoir vu l’aiguille de ma montre passer minuit. Je fus réveillé par une fanfare ; mais je n’ouvrais pas encore les yeux, quand je sentis une main presser la mienne, C’était Effisio.

— Quel diable d’homme vous êtes ! dis-je en refermant les yeux, au moins laissez dormir les gens le matin.

— Mais vous avez terriblement dormi, répondit-il. Ne voulez-vous pas venir à la chasse qui se donne en votre honneur ? Vous entendez bien la fanfare ?

— Ah ça ! lui dis-je, en remarquant des oreillers sur un bahut, vous avez passé la nuit ici ?

— Il le fallait bien, la maison était fermée, tout le monde dormait.

— Que n’avez-vous partagé mon lit ? Il est assez large.

— Non, j’étais trop agité ; je n’ai fait que rêver, regarder la lune et penser à… Je n’ai dormi qu’une heure ce matin. Mais je cours chercher mes armes et mon cheval.

Il partit, et bientôt ce fut mon hôte qui entra, portant un fusil qu’il me présenta et une dague, avec une ceinture, qu’il passa lui-même autour de moi. Nous allâmes dans la chambre commune où Grazia, en souriant, me présenta le coup de l’étrier. Elle était fraîche comme la veille, mais avec un peu de langueur dans les yeux.

— Votre ami vous a empêché de dormir, me dit-elle ; je l’ai vu sortir ce matin. Ce n’est pas bien, et je lui en ai fait reproche.

— Il avait beaucoup à me dire, lui répondis-je.

— Ah ! oui. Vous avez vu ensemble tant de choses ! Effisio a beaucoup voyagé. Il est rare chez nous qu’on quitte le pays ; aussi ne ressemble-t-il pas du tout aux autres, n’est-ce pas ? Mais il a le cœur vraiment sarde, puisqu’il est revenu.

— Il a le cœur vraiment sarde ! répétai-je.

— Hier, il me disait qu’il ne trouvait rien, de si beau que nos montagnes. Est-ce possible, dites-moi ?

— Il m’a dit quelque chose d’équivalent.