Page:Leo - Grazia.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
FEUILLETON DU SIÈCLE. — 25 MAI 1878.

(25)
GRAZIA
RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

XIII. — (Suite.)

Dona Francesca, l’aïeule, Effisedda, suivies de Quirico, se jetèrent dans les bras de Grazia et de la signora Tolugheddu. Devant ces cris du fond des entrailles, ces explosions entrecoupées, ou ces larmes silencieuses, les pleureuses gardèrent le silence. Les vrais bardes étaient là. Je vois encore l’Effisia et la mère d’Antioco se regarder en silence, les mains enlacées. Elles me firent frémir. Tout le monde les regardait aussi, et l’on se taisait, et l’on frémissait. Tout à coup, la voix de la mère d’Antioco s’éleva, tantôt éclatante et tantôt brisée, avec des sons pareils à ceux de l’ouragan, qui tantôt se heurte, et tantôt se concentre, ou se déchaîne.

— Il me l’a tué ! le fils que j’ai porté neuf mois dans mon ventre et que j’ai nourri deux ans de mon lait !… qui avait crû peu à peu,