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tacles de mort ou de vie. Deux femmes vin- rent en pleurant se jeter à la bride de nos chevaux, en nous adressant des lamentations ; et la foule nous suivait.

Il y avait un groupe nombreux à la porte de la maison, un autre dans la cour.

— Place ! place ! cria-t-on, ce sont les parents !

Nous entrâmes dans cette chambre que j’avais vu orner, si joyeusement, de guirlandes. Elles y étaient encore, autour du lit, de la glace, de tous les meubles ; elles pendaient aux chaises çà et là. Je ne vis guère que cela tout d’abord ; car une foule debout remplissait la chambre et cachait le lit en partie. Mais quand on s’écarta devant nous, je vis sur le lit le pauvre Antioco, blême comme sont les morts et la figure contractée d’une manière terrible. Il avait connu et senti la mort : cette face empreinte de colère, d’angoisse et de désespoir le disait éloquemment. Et comme il n’avait sans doute été relevé que longtemps après, qu’aucune main amie n’était là pour fermer ses yeux avant les raideurs de la mort, ils restaient ouverts, effrayants, terribles, ces yeux qui si souvent avaient Bondé l’espace, dans la crainte du meurtrier et qui enfin, convulsés d’horreur et d’effroi, avaient rencontré sa face implacable !

Grazia était au chevet du lit ; elle se jeta dans les bras de son père en sanglotant. Je lui serrai la main. Effisio s’inclina seulement devant elle. Elle ne nous dit rien ni à l’un ni à l’autre, et se laissa retomber sur sa chaise, près du lit de mort. Le vieux Basillo, courbé, tremblant, aussi blême que son fils, vint embrasser de Ribas en gémissant. Lui-même nous fit le triste récit, ébauché par le domestique.

Depuis quelques nuits, les fruits du jardin étaient pillés. Les derniers raisins, les grenades, les figues tardives disparaissaient et les branches étaient saccagées, comme pour mieux signaler ces méfaits et gâter l’arbre, tout en dérobant le fruit. Antioco, très préoccupé de son jardin, où il avait