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son cheval. Un serrement de cœur affreux me prit ; une voix me disait : Grazia est morte !

— Parle donc enfin ! hurla de Ribas, parle !

— Don Antonio, dit l’homme en balbutiant, ce matin, on a trouvé dans le jardin… il signor Antioco….

Il s’arrêta. Aucun de nous n’osa dire :

— Eh bien ?

Il y eut un silence mortel ; oui, la mort était dans toutes nos pensées. Enfin, de Ribas, avec explosion :

— Tu vas chercher un médecin ?

— Ohimé ! çà n’est pas la peine ! La signora Grazia m’a envoyé vous chercher.

Je regardai alors Effisio : il était fort påle et tremblant.. mais nous l’étions tous,

— Donne-moi ton cheval, dit au domestique don Antonio, désespéré.

Je lui offris le mien, plus frais et plus rapide ; mais il dit, en regardant Effisio et moi :

— Quoi ! vous ne venez pas aussi ?

— Oui, mon oncle, dit Effisio ; c’est notre devoir.

Et tous les trois, non sans peine, car nos jambes tremblaient, nous nous mimes en selle.

Mauro fut envoyé pour avertir Effisedda et prendre le cheval de don Antonio.

Nous fîmes rapidement le chemin. En approchant, de Ribas pleurait.

Se reprochait-il son entêtement, et d’avoir jeté sa fille dans un tel veuvage ?

Pour moi, je craignais tant d’émotions à la fois pour Effisio. Devant celle qu’il allait revoir, veuve, pleurante, et devant ce mort, quelles allaient être ses pensées ?

À Oliéna, sur notre passage, nous vîmes les gens consternés.

Le vieux Tolugheddu n’était point aimé, à cause de son avarice ; mais Antioco, jeune, brillant et sans méchanceté, avait des sympathies. Puis, ces natures méridionales sont toujours vivement frappées des grands spec-