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me il s’agissait de son intérêt, je n’ai pas hésité et j’ai envoyé chercher la ragazza (jeune fille) de chez don Antonio, afin qu’elle vous écrivit de revenir. Je ne pouvais pas dire la vérité, puisque Effisio a la faiblesse de ne pas croire aux esprits ; mais vous, signor, qui êtes plus raisonnable…

Pour le coup, je trouvai la plaisanterie mauvaise outre mesure et j’eus une peine extrême à ne pas le témoigner.

— Au diable la vieille folle ! me disais-je en sortant. — Et je m’envoyais au diable moi-même pour avoir eu la sottise de flatter ses rêveries. La mystification me retombait en plein sur le nez. J’étais content de moi… Toutefois, par humanité, je résolus d’accorder encore à Angela trois ou quatre jours, après quoi elle serait assez forte pour supporter la contrariété du départ d’Effisio ; et jusque-là, je m’occuperais de décider celui-ci, aidé des excellents bulletins du docteur sur la santé de sa malade.

Il était à peine huit heures du matin ; j’entrai dans la chambre d’Effisio et le trouvai rêvant, à sa fenêtre ouverte, les yeux attachés sur les monts d’Oliena.

— Veux-tu que nous fassions une course à cheval ? lui demandai-je..

— Volontiers.

Et il appela Cabizudu pour seller les chevaux. Nous avions déjà pris le café ; les Sardes se lèvent de bonne heure. Au bout de quelques minutes nous étions partis.

Nous prîmes la route d’Orosei, qui est en même temps, pour une partie, celle d’Oliena.

C’était alors la plus animée parce qu’elle conduit au versant planté d’oliviers, dont on commençait la récolte. Le soleil était doux, l’air délicieux ; de ce côté, le vent, un peu vif sur les hauteurs, n’avait rien que d’agréable. Nous descendîmes la côte au galop. Quand nous reprîmes l’amble, au long de la montagne, nous vîmes devant nous, entre autres cavaliers, deux jeunes filles assises sur le même cheval et qui trottaient ainsi, sans selle et sans étriers, avec l’admi-