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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 24 MAI 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

XIII. — (Suite.)

Huit jours s’étaient écoulés, et Angela n’avait encore pris aucune décision. Le médecin affirmait qu’elle allait mieux ; mais elle persistait à nous parler de ses derniers moments, et à ces derniers moments il fallait qu’elle eût Effisio à son chevet. Je perdais patience ; d’autant mieux que je voyais mon ami tomber dans je ne sais quelle apathie de mauvais aloi. Lui aussi, allait fréquemment chez de Ribas, et aussi longtemps qu’Effisedda voulait parler de Grazia, il l’écoutait sans l’interrompre. Il ne paraissait point impatient de partir ; et l’influence du pays semblait le reprendre par tous les pores et l’envahir comme une langueur, comme un sommeil. J’étais bien décidé à ne point lui permettre de s’y abandonner. À côté du ménage de celle qu’il avait aimée, qu’en dépit de lui il aimait encore, il eût, comme ont fait tant d’autres, vécu solitaire, sans action, sans but, d’une vie stupide et décolorée. En pareil cas, il faut de