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un peu plus que je n’eusse voulu. Nous nous y étions présentés-ensemble, dès le lendemain de notre arrivée, mon ami et moi.

— À la bonne heure ! s’était écrié don Antonio, en embrassant Effisio. Te voilà de retour, c’est bien, n’en parlons plus. Evviva ! Mais en apprenant que nous devions repartir, il avait fait la grimace. Effisedda s’était jetée à notre cou, en commençant par Effisio, ce qui me parut un mauvais signe. Était-ce à cause de l’absence de sa tour, et parce que maintenant elle était l’aînée de la maison ? Elle se faisait jeune fille d’une manière étonnante ; et dans ces deux mois elle avait gagné plus d’une année.

Je la fis causer de Grazia ; mais elle ne m’apprit rien que d’extérieur, ce que Grazia laissait voir à tout le monde : elle menait le ménage, sous la direction de la mère d’Antioco, et tout était pour le mieux dans ce ménage, au dire d’Effisedda ; car chaque fois qu’elle était allée à Oliena, on lui avait fait grande fête.

— Grazia venait-elle souvent à Nuoro ?

— Oh ! non ; elle était venue deux fois seulement en deux mois.

— Et — j’osai risquer cette question — était-elle heureuse ?

— Pourquoi veux-tu qu’elle ne le soit pas ? m’avait dit Effisedda. Antioco l’aime beaucoup. Du reste, elle ne dit jamais rien, Grazia. Elle a toujours comme cela ce petit air triste que tu lui as connu. C’est son habitude. Mais elle devrait être heureuse, puisque tout le monde dit qu’elle est si bien mariée.

André Léo.

(À suivre.)