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qui fut longtemps la seule de la Sardaigne, et qui relie ses deux villes, du sud au nord.

La nuit était fraîche et sombre. Nous avions pour seul compagnon de route un commerçant de Cagliari, très-causeur, et, ne dormant pas, nous écoutions ses histoires. Il nous dit après Pauli-Latino :

— C’est ici que la diligence fut attaquée le mois dernier.

Et il peignit toute la scène : chevaux tués, hommes maltraités, femmes violées, tant d’argent volé…

— Savez-vous, lui dis-je en frissonnant un peu — la nuit était froide — que vos histoires sont trop de saison pour être bien gaies ? Car enfin, ça pourrait arriver encore, puisque c’est déjà arrivé. Or nous ne sommes que quatre hommes en tout dans la diligence et peut-être pas trois revolvers. Vos bandits ne sont jamais moins de 30 ou 40… C’est désagréable, je le répète, il vaut mieux penser à autre chose.

— Et nos quatre carabiniers ? me dit-il, soyez donc tranquille !

— Quels carabiniers ?

— Quoi ! vous n’avez pas vu que nous sommes escortés ?

— Ma foi non.

— Alors, c’est que n’avez pas regardé. Tenez, les voici.

Me penchant hors de la voiture, je vis en effet deux carabiniers à cheval qui nous suivaient.

— Diable ; c’est une précaution cela ! Et il y en a deux autres devant ?

— Oui, ou bien ils éclairent la route. Je sais, ajouta le commerçant, en baissant la voix, je sais positivement que nous portons cette nuit des valeurs considérables.

— J’en suis charmé… pour celui à qui elles appartiennent, répondis-je avec un peu de mauvaise humeur.

Et j’essayai de dormir ; mais sans pouvoir