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par Angela, où celle-ci priait son jeune maître de venir lui dire un dernier adieu ; car elle était au lit fort malade, et ne voulait pas mourir sans le revoir.

« — Vous êtes deux méchants, ajoutait en post-scriptum Effisedda ; on ne part pas comme cela sans dire adieu ; et puis, pourquoi partir ? Il faut revenir tout de suite ! tout de suite ! Angela a raison ; et puis, c’est bien vrai qu’elle est fort mal. »

Effisio avait une sincère affection pour sa nourrice ; il n’hésita pas à répondre à cet appel et fut très-heureux et très-touché de me voir décidé à le suivre. Aurais-je pu le laisser retourner seul à la source de douleurs d’où je l’avais arraché ? Il était trop facile de voir qu’il était loin d’être guéri. Son mal, avait été suspendu, non atténué. Depuis que nous étions à la ville et qu’il n’avait plus à me guider, il redevenait à vue d’œil sombre et distrait, ne dormait plus et jouait à table le rôle d’un simple figurant. Je comptais sur le changement d’air et de pays, sur le temps, sur d’excellentes considérations philosophiques, jusque là tenues en réserve, et j’avais hâte du départ, quand cette pauvre folle d’Angela, malgré ses sept esprits, ou plutôt avec ses sept esprits, me venait tout gâter.

Il est vrai que ce n’était pas de sa faute si elle allait mourir. Mais ce triste baiser coûterait cher à mon pauvre ami ! Il lui ferait perdre entièrement le bénéfice des deux mois que je venais de gagner.

Toutefois, il n’y avait rien à dire ; nous partîmes. Nos chevaux avaient déjà été renvoyés à Nuoro ; nous primes le chemin de fer d’Oristano, qui nous fit franchir en deux heures le tiers de la route ; puis, d’Oristano à Macomer la diligence qui, elle, devait nous garder toute la nuit pour le second tiers. Nous roulâmes sur l’emplacement de l’ancienne voie romaine qui reliait Cagliari (Caralis), à Turris Lybisonis, aujourd’hui Porto-Torrès, près de Sassari, sur la grande route