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l’homme, prenant la bride d’un de nos chevaux, nous conduisait, sans même demander notre avis, à la maison, selon lui, la plus digne de nous recevoir.

Quelquefois, tourmenté par mes habitudes de civilisé, j’insistais pour que nous fissions choix d’une maison pauvre, dont nous pussions indemniser le propriétaire ; mais là, tout manquait, et nous avions à lutter contre l’étonnement de ceux qui nous entouraient. En outre, suivant l’humeur dont il était, ou le pauvre refusait notre rémunération, ou il semblait la trouver médiocre, bien qu’elle fut toujours calculée sur le taux d’un traitement supérieur à celui que nous avions reçu. Une fois, le seigneur du pays nous envoya demander si nous avions contre lui quelque raison d’insulte ou de mépris, que nous évitions son hospitalité ?

Chez les pâtres des vallées, nous portâmes des cadeaux fort bien reçus, et comme je répétais à Effisio ce que j’avais lu, ou entendu dire, que les cadeaux offensaient la délicate hospitalité des Sardes, il sourit en me disant que ces récits-là se rapportaient à une époque précédente ; qu’il ne fallait pas demander la pureté des mœurs antiques aux époques bâtardes, où la civilisation pénètre et corrompt ces mœurs, et qu’il était bien clair que la plus belle vertu d’hospitalité ne saurait tenir devant l’institution des chemins de fer, ni même celle des diligences ; ni même enfin, si nous arrivions à faire école, devant un débordement de touristes à cheval.

Nous n’avions plus à visiter qu’Iglesias, centre de l’industrie minière, qu’un chemin de fer relie à Cagliari ; Effisio avait écrit à sa fidèle Angela des instructions pour le temps de son absence. Il avait prié de Ribas de donner un coup d’œil à ses affaires, et promettait, un peu au hasard, de revenir promptement. Enfin, nous devions partir par la plus prochain bateau pour Gênes, à trois jours de là, quand mon ami reçut une lettre écrite de la main d’Effisedda, mais dictée