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de l’époux et celui de l’épouse, marcha séparément vers l’église.

Sur le chemin, les femmes sortaient, tenant à la main un plat, où il y avait du pain et du sel, et elles en jetaient sur les époux en leur criant : Buona fortuna !

Ce vœu reçut un prompt démenti.

En arrivant à la porte de l’église, les premiers du cortège poussèrent un cri d’horreur et d’effroi un gant ensanglanté se trouvait là, cloué sur cette porte !

On l’arracha. Mais qui avait mis là ce gage de haine et de mort ? Il n’y eut qu’un cri : — Raimonda ! Et des jeunes gens, des femmes coururent chez elle pour tirer vengeance… Elle n’y était point. On eut le tort d’épouvanter sa mère et de briser un meuble ; puis, la police intervint et fit tout cesser. Mais c’en était fait : la noce n’était plus qu’une cérémonie funèbre ! Grazia pleurait abondamment, donnant cours, sous ce prétexte, à toutes ses douleurs ; Antioco, tout blême, essayait de sourire ; les parents, les convives eux-mêmes, ne pouvaient secouer l’impression fatale d’un présage si sombre et si menaçant !

Il me fallut assister au déjeuner, où je vis les époux, assis l’an près de l’autre, manger dans une même assiette, avec la même cuiller, et l’on me dit que cet usage symbolique d’union, se renouvelle à la naissance des enfants.

Après le repas, selon cette tradition de rapt de l’épouse, qui subsiste encore chez