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la chambre des époux fut transformée en une sorte de chapelle du printemps. Poétique idée de parer ainsi des grâces de la nature le nid humain. On ne touche pas à ces guirlandes ; elles doivent s’user d’elles-mêmes, et il en reste parfois des vestiges une année entière.

Il y eut banquet chez Tolugheddu. Le soir, nous revînmes tous dans le même ordre, avec les chars vides.

Huit jours après, la noce eut lieu. Chaque invité, ou même, en dehors d’eux, les voisins, les amis, vinrent apporter leurs cadeaux à Grazia. Bijoux ou comestibles, riche ou pauvre offrande, accompagnés d’une bénédiction, tout était cordialement reçu par la mariée, qui donnait en échange un baiser. Quand, à mon tour, je lui offris un collier de corail, elle me jeta un regard désespéré, et ce mot prononcé tout bas, pour un autre plus que pour moi :

— Adieu !…

On attendait le cortège de l’époux. Quand il arriva, Grazia, suivant l’usage, se jeta aux genoux de sa mère pour lui demander sa bénédiction. Il est d’usage aussi que la jeune fille pleure à ce moment, et peut-être beaucoup d’entre elles ont-elles quelque peine à trouver des larmes dans un cœur joyeux. Grazia ne pleura point ; elle était seulement blanche comme une morte. Dona Francesca, après avoir béni sa fille, la remit au prêtre d’Oliéna, qui avait accompagné les Tolugheddu. Antioco fut de même confié au prêtre de Nuoro, et chacun des cortèges, celui