Page:Leo - Grazia.djvu/260

Cette page n’a pas encore été corrigée

trois oreillers, garnis de rubans, de roses, de verdure ; une autre, la plus jolie, disait-on, et choisie comme telle, portait sur un bourrelet écarlate une belle cruche de forme élégante, ornée aussi de rubans et de fleurs. À côté, une autre amie de la mariée portait la quenouille chargée de laine. Suivaient les deux époux, puis de Ribas et Basilio Tolugheddu, dona Francesca et l’aïeule, tous à cheval, suivis de la troupe des gens de la noce. Après eux, les chariots, couverts de toile, dans lesquels avaient pris place des femmes sur les matelas et sur les paquets de linge, des hommes grimpés sur les meubles, tous riant et échangeant de joyeuses plaisanteries. Derrière les chariots de meubles, deux chariots de blé, un autre portant le moulin, les pelles de four, les corbeilles à pain et à farine, et enfin, attaché derrière ce chariot, dernier personnage de toute la bande, le meunier, molenti, c’est-à-dire l’âne, dont la queue et les oreilles étaient ornées de feuillages et de rubans.

C’était toute la vie de travail de la future épouse, humble et constante pourvoyeuse de la maison, âme de la vie matérielle, qui se déroulait en cette longue caravane. Le rôle de la femme sarde ressemble trop à celui de la femme arabe : tout le travail intérieur d’une vie sauvage et sans industrie pèse sur elle — souvent sans préjudice du travail de la terre — meunerie, boulangerie, tissage, blanchissage, outre la cuisine et le nettoyage journalier. Même dans ces conditions, l’amour fait envier la vie conjugale ;