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l’éviter. Que voulez-vous, il est d’une famille importante ici.

— Pourquoi ne l’appelle-t-on pas don, lui aussi ?

— Parce qu’il n’est pas noble. Le titre de don ne se donne qu’aux cavalieri, autrement dit-aux descendants des caballeros espagnols.

— Et l’on tient encore ici beaucoup à la noblesse ?

— Comme on tient à toutes les distinctions, partout où la vanité règne. N’oubliez pas autant que possible d’appeler votre hôte don Antonio. C’est la seule gène que vous lui causiez ; mais il finirait par vous en vouloir de cet oubli.

— Merci, j’y penserai.

Nous rentrâmes. Grazia était à son métier, elle leva seulement la tête en nous voyant.

— Quelle ardeur au travail, lui dis-je, car je voyais mon ami subitement embarrassé pour lui parler.

— Il faut bien travailler, me dit-elle.

— Quand on veut se marier, ajoutai-je.

Grazia devint couleur de rose et détournant la tête :

— Pourquoi me dites-vous cela ?

— C’est Effisio qui me l’a appris.

— Quoi ?… Que vous a-t-il dit ?… Que signifie cela ?…

— Je suis calomnié, balbutia Effisio, perdant contenance.

— En quoi ? Vous m’avez dit que dona Grazia travaillait, comme font les jeunes filles de ce pays, au linge de son futur ménage, n’est-ce pas cela ?

— Sans doute, et il n’y a pas de quoi…

— C’est mon avis, dis-je en riant de leur émoi à tous deux. Qu’y a-t-il de plus, dona Grazia ? Je n’en sais rien, moi.

— Il n’y a rien de plus, dit-elle, si ce n’est que vous m’appelez dona. Pourquoi ? Vous ne le faisiez pas ce matin.

— Parce que mon ami m’a déjà donné des leçons de politesse locale.

— Il a eu tort. Vous êtes très-poli, vous,