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demandé en France la même besogne, et la plupart assis, causant. Cabizudu, tout dolent encore, nous parla de Pepeddo. Sa fille ne pouvait se consoler

— Bah ! l’on se console toujours ! répéta don Antonio.

Cependant, son front s’assombrit, sans doute en pensant à la menace que renfermait pour son gendre la mort de Pepeddo. On n’avait trouvé aucune trace du meurtrier ; mais comment ne pas croire que c’était Nieddu, qui préludait à sa vengeance complète ? Comme pour échapper à de telles pensées, de Ribas s’occupa de ce qu’il avait sous les yeux, examina la qualité du grain, l’état des bœufs qui le foulaient. Il y en avait trois paires, dont chacune, conduite par un homme, traînait un lourd cylindre de pierre, sous lequel se brisait la paille, en même temps que le grain était mis en liberté. Au travers des observations de don Antonio, Effisio s’écria tout à coup :

— Voilà un joug bien mal attaché !

Et sans arrêter les bœufs, entrant dans l’aire, il posa le pied si malheureusement qu’il l’engagea sous le cylindre. Nous accourûmes ! nous fîmes reculer les bœufs ; nous portâmes Effisio sur un tronc d’arbre…

— Ce n’est rien, disait-il, assez pâle, mais souriant.

La chaussure retirée, nous vîmes que le gros doigt du pied était écrasé.

— Voilà qui m’empêchera d’aller danser, oncle, malgré toute ma bonne volonté, dit Effisio.