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un excès de vivacité et retirât des paroles blessantes. Antioco, satisfait, me donna la main et tout fut arrangé.

Dès lors, j’insistai pour notre départ immédiat. Que faire à Nuoro ? Effisio pouvait-il assister à ce mariage ? Il fallait fuir. L’absence, avec ses ignorances et ses distractions forcées, pouvait seule alléger, et plus tard guérir, cette douleur.

Mais Effisio ne voulut pas fuir. Il mettait à cela je ne sais quel entêtement ou quel amour-propre, que, pour moi, je trouvais hors de saison. Il objectait ses occupations agricoles, ses intérêts engagés, cent choses qui ne me semblaient pas suffisamment graves pour le retenir dans un lieu où la douleur et la fièvre le rongeaient. Gardait-il encore une sombre espérance ? — Il se taisait.

De Ribas nous vint un soir :

— C’est dimanche prochain, nous dit-il, que se fait le transport du trousseau de Grazia. Je pense que vous ne manquerez pas à la fête. Vous, signor, qui aimez nos coutumes, vous trouverez ça joli à voir. Quant à toi, Effisio, si tu ne venais pas, on ferait des suppositions… Il ne faut pas ! Je sais que tu as cherché querelle à mon gendre ; mais je lui ai dit que ce jour-là c’est moi t’avais obligé de boire trop de vernaccia, que tu ne t’en souvenais seulement pas. Il m’a répondu qu’alors il ne s’en souviendrait plus lui-même, car c’est un bon camarade et un bon vivant qu’Antioco. Je veux que vous soyez