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fatiguent. — Puis, l’émotion de ce jour… et la chaleur !… — Beaucoup de femmes eurent la bonté de se déclarer elles-mêmes plus ou moins souffrantes. Antioco n’avait pas hésité à trouver tout naturel l’évanouissement de sa fiancée ; il disait d’un air fin et suffisant :

— Un jour de publications !… Les femmes sont si impressionnables !

Il ne broncha pas davantage, quand Effisio, que je m’efforçais d’entrainer, lui demanda un entretien et ce fut avec un sourire aimable qu’il nous conduisit dans sa chambre. Mon ami m’avait prié de le suivre.

— Signor Antioco, dit Effisio, sans autre préambule, votre mariage avec ma cousine me déplaît ; vous allez trop vite. On ne fait pas succéder ainsi, presque immédiatement, les noces aux fiançailles.

La stupéfaction du fiancé à ces paroles fut si complète qu’elle m’arracha un sourire. Il n’en pouvait croire ses oreilles. Quoi ! parmi tant de compliments tout autres, celui-là !… En ce jour d’épanouissement et de parade !…

— Comment ? Qu’est-ce que cela veut dire ?… signor Effisio, vous ne parlez pas sérieusement ?

— Si sérieusement, que je prétends vous empêcher de faire cette sottise.

Antioco me regarda, comme pour me dire : — Est-ce qu’il est fou ? — Et il ne se trompait guère. Cependant, comme il arrive dans l’excès de la surexcitation, Effisio possédait un grand sang-froid apparent et une aisance parfaite. Il reprit :

— Vous n’êtes pas, signor Antioco Tolugheddu, sans avoir entendu parler du duel ?

— Qu’est-ce que vous me chantez là, répliqua l’autre, perdant patience. Oui, j’ai entendu parler du duel ; mais ce n’est pas dans nos habitudes, à nous autres. Allez vous battre en duel avec le diable, si vous voulez !

— Je vous propose un combat loyal, un combat que les lâches seuls refusent, les lâches !… Entendez-vous, signor Antioco ?