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Toutes sortes d’idées extravagantes me passaient par la tête, entre autres celle-ci : qu’il était venu peut-être se tuer aux pieds de Grazia ; et je me tenais prêt à saisir ses mains, s’il avait tiré de sa poche une arme. Heureusement, je le calomniais. Se penchant vers Grazia, d’une voix contenue, qu’elle seule et moi dûmes entendre, et de l’air aimable d’un parent qui adresse un compliment à sa parente :

— Ainsi vous le voulez ?… C’est bien fini ?… Vous n’avez plus d’hésitation ?… Vous avez accepté d’être la femme de cet homme ? et de n’être plus rien pour moi ?… Dites, c’est bien vrai ?…

La malheureuse ne pouvait répondre. Il reprit :

— Il faut que j’entende cela de votre bouche… parce que les paroles que me disent les autres à ce sujet me semblent un rêve, un mensonge. Dites ! c’est bien vrai qu’aujourd’hui votre nom a été publié dans l’église avec celui d’Antioco ?…

Elle fit un léger signe affirmatif.

— Et vous n’avez pas besoin de moi ?… Vous êtes bien décidée… je vous le demande encore ? Tout est bien fini dans votre cœur ?

— Effisio, dis-je en français, tais-toi ! laisse-la ! C’est assez !…

Je la voyais se mourir. Jusque-là, cette scène avait passé inaperçue. Placé devant Grazia, je la protégeais contre les regarda des assistants, et par bonheur un parent qui venait d’entrer occupait Antioco. Mais tout à coup la tête de la pauvre enfant, devenue livide, tomba sur sa poitrine ; elle chancela sur sa chaise ; je n’eus que le temps de la soutenir : elle était évanouie.

L’émoi et les exclamations de tous les assistants couvrirent le trouble et le remords d’Effisio. Nous emportâmes Grazia dans sa chambre et la laissâmes aux soins de sa mère. On disait : — Elle n’était pas bien portante ; cela se voyait. — Tous ces compliments