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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 25 AVRIL 1878.

(3)
GRAZIA
RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

I. — (Suite.)

Un jeune fils de famille, il signor Cesare Siotto, s’attacha à nos pas au sortir du café ; il était charmé de faire ma connaissance, mais il me plaignait d’avoir à vivre à Nuoro ; je ne pouvais manquer d’y regretter les plaisirs de Paris. Du moins, il se mettait à ma disposition pour me procurer tous ceux qui étaient à la portée des habitants de la ville. Je viendrais causer le soir au café, à l’heure où les belles signore se promènent sur la route ; il m’en montrerait une, charmante à son avis, à laquelle il était engagé comme fiancé. Il m’offrit même, tant sa bonne volonté pour moi était grande, de me conduire chez sa maitresse, une merveilleuse brune, et il me ferait connaître certaine autre…

— Je croyais qu’on était jaloux dans ce pays ? lui dis-je.

— Oh ! certainement ; cela dépend des gens toutefois. Ma maîtresse est une jeune veuve (vedovella) et, soyez tranquille, il ne manque pas à Nuoro, comme ailleurs, de femmes de bonne volonté, que l’on peut aborder sans danger.

Je trouvai ce garçon fort impertinent pour moi et pour son pays, et quand il nous eut quittés, je demandai à Effisio s’il en faisait son ami.

— Non, me répondit-il, mais je ne puis