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— Nous sommes trois.

— Mais nous n’avons pas d’armes. Je vous en prie, retournons.

— Vous avez bien peu de confiance en votre police ; on n’attaque pas si près de Nuoro ; nous pouvons vous l’affirmer, nous qui parcourons souvent la campagne.

— Le jour, soit ; mais il fait nuit. Tenez il y a, pas loin d’ici, — je ne sais pas bien où, car je n’y viens jamais à pied, — un de ces tas de pierres qui indiquent le lieu d’un meurtre. Brr… Allons-nous-en !

— Laissez donc ! dit Effisio, qui intervint pour défendre son pays, il y a dix ans de cela.

Che ! dix ans !.. reprenait Cesare Siotto.

Et sans doute il allait nous citer des faits plus récents, quand une décharge de fusil lui coupa la parole. Il fit un bond en arrière.

— C’est à plus de deux cents pas, obser- va Efficio.

— Eh bien ! qu’en dites-vous ? exclama Siotto en s’adressant à moi.

— Quoi ! vous pensez ?… Ce doit être quelque chasseur ?

— Un chasseur ! à cette heure ! vous moquez-vous de moi ? On ne verrait pas un aigle en l’air dans ce crépuscule ; encore moins un lièvre à terre… Vrai ! allons-nous-en !

— Quelles choses vous imaginez-vous ? dit Effisto ; ce sera tout bonnement une fantaisie de quelqu’un. Vous savez bien qu’on n’y regarde pas tant ici à décharger un fusil.

Cependant, pour ne pas désobliger Cesare, et peut-être avec l’espoir de s’en débarrasser plus vite, il retourna du côté de Nuoro. Pour moi, j’aurais voulu savoir ce que signifiait cette décharge, et je les retins encore un moment sur place à discourir. Nous revenions enfin décidément sur nos pas, quand j’entendis les roues d’un char crier sur le sable de la route.

— Attendons un peu, leur dis-je ; il vient