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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 21 MAI 1878.

(21)

GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

XI. — (Suite.)

D’un commun accord, Effisio et moi, nous nous étions engagés sur la route de Bitti, espérant le décourager de s’attacher à nos pas ; car il ne franchissait jamais, d’ordinaire, la portion de route commune aux trois directions de Bitti, de Macomer et de Mamoïada, où il paradait dans la poussière avec le beau monde du lieu. Mais il était si lancé qu’il n’y fit point attention. Pourtant, quand nous arrivâmes au Nur-hag et que nous fîmes mine de prendre le chemin qui monte la colline, où pose le vieux sphinx, Cesare se récria :

— Mais où allez-vous ? On ne va pas par ici, que diable !

— Pourquoi pas ? Vous aimez donc bien la poussière ? Là, il n’y en a-pas ; on marche sur le gazon et l’on trouve là-haut de l’air à vous rafraichir pour toute la journée suivante.

— Et peut-être aussi quelque grassatore, qui nous enlèvera nos montres et nos bijoux.

Vos bijoux ! Nous n’en avons pas.

— Eh bien ! qu’importe ? cela ne me consolera pas de perdre les miens.