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— Voilà ce que c’est, dit Cabizudu, à que le vin avait délié la langue, et qui, d’ailleurs l’avait toujours bien pendue ; c’est la peur qu’il a d’aller à la montagne et de voyager la nuit. À cause de la chaleur, les bœufs ne vont pas le jour.

— Quoi, Pepeddo a peur des esprits ?

— Des esprits, non ! dit le garçon en secouant tristement la tête.

— Il a peur de la vendetta, me dit Cabizudu en baissant la voix. Nieddu n’est pas sans savoir à présent que c’est sur la déposition de Pepeddo qu’on a voulu le faire arrêter et… Voyez-vous, Pepeddo a fait une sottise.

— C’est mon avis, dis-je.

— Comme aussi de ne pas rester au service des Tolugheddu. Avait-il besoin d’aller dire les gueuseries de ce Basilio ? On s’amuse de ça avec les amis, en comité, mais on ne va pas le crier tout haut.

— Qu’est-ce que vous voulez, dit Pepeddo, Ils m’avaient dit de les injurier, moi j’ai dit ce que je savais, ne trouvant pas autre chose. Et puis, je n’étais pas mécontent de dauber un peu le vieux ladre, qui m’en a fait avaler de dures, à moi aussi. Ce qui me fâche le plus, dans tout ça, c’est de m’être laissé enjôler par eux, pour jouer un mauvais tour à Nieddu. Ils m’ont donné de l’argent, c’est vrai ; mais je pourrais le payer d’un plus grand prix.

— Va, va ! dit Cabizudu, il ne faut pas se tourmenter comme ça ; il ne t’arrivera rien. Mais c’est égal, si don Effisio veut t’occuper là, autour de la maison, la semaine prochaine, ça vaudra mieux.

Effisio dit qu’il verrait plus tard, et ils nous quittèrent. Il n’était alors que cinq heures.

Nous causâmes tous les deux longtemps encore ; puis Effisio me proposa de sortir. Dévoré d’impatience, il avait besoin d’air et de mouvement et ne savait comment tuer le temps jusqu’à l’heure attendue.

Sar la route, nous rencontrâmes Cesare