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— Après tout, lui dis-je, tu vas trop vite ; il n’est pas sûr qu’elle consente.

— J’en juge par moi, répondit-il ; elle me demanderait l’impossible, je le ferais ; puisqu’elle m’aime toujours, elle me suivra !

Nous arrangeâmes toutes choses d’avance. Nous partirions le lendemain soir. Mieux valait ne pas laisser Grazia à ses réflexions et à ses angoisses vis-à-vis de sa famille. Elle monterait en croupe derrière Effisio, et ils voyageraient toute la nuit, non pour gagner un port, où ils pourraient être signalés et arrêtés ; mais pour se rendre tout simplement à Fonni, dans les montagnes de la Barbargia, où Effisio avait un ami, qui les cacherait pendant quelques jours. Moi, je partirais de mon côté pour Sassari, où je verrais à les faire passer sûrement en Corse. Grazia, changerait de costume, et ils viendraient me rejoindre l’un après l’autre.

Pour plus de sûreté dans notre correspondance, nous convînmes d’un chiffre ; enfin, nous primes les précautions les plus minutieuses, sur lesquelles l’ardente impatience d’Effisio revenait sans cesse.

Nous achevions à peine de souper, quand Cabizudu, suivi de Pepeddo, vint entretenir Effisio de divers soins agricoles. Effisio répondait si négligemment, que, pour atténuer ce que sa conduite pouvait avoir d’extraordinaire à leurs yeux, je m’emparai de la conversation et leur offris un verre de vin. Pas n’est besoin de dire qu’ils acceptèrent.

— Il y a aussi Pepeddo, dit Cabizudu, s’adressant derechef à Effisio, qui vient demander à Votre Seigneurie si elle n’aura pas besoin de lui la semaine prochaine ; il est engagé jusqu’à dimanche pour aller chercher des liéges à la montagne ; mais il aimerait mieux servir Votre Seigneurie.

— Ah ! dis-je, car Effisio ne répondait pas, ce travail des liéges est donc pénible ?

— Pas plus qu’un autre, dit Pepeddo, seulement… j’aimerais mieux travailler à Nuoro.