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chœur. Mais je n’étais pas venu pour manquer une telle occasion. Je fis le tour de l’église en amateur bien que très-rapidement, et arrivé près de Grazia, je me mis à genoux, — oui, ma foi ! car c’était la posture la plus avantageuse pour ce que j’avais à faire, — je me mis à genoux dans une chaise placée près d’elle, un pou en arrière ; la dévote nous tournait le dos ; mais il y avait tout à parier que n’entendant plus marcher, elle se retournerait. On sait bien que la dévotion ne laisse rien perdre à la curiosité. Alors elle me croirait en prières, à moins que mal penser ne soit un devoir des âmes pieuses ?

Grazia, elle, ne se retournait point. Avait-elle seulement entendu mes pas ? Elle était comme abimée dans son recueillement ; pas un musele qui bougeât, une prostration complète. Prosternée sur les marches de la chapelle, le front baissé, les mains serrées contre sa poitrine, elle semblait moins grande et plus menue, tant ce pauvre être se repliait, s’écroulait en quelque sorte, sous le poids de la douleur. Elle me causa une pitié profonde et ce qui me restait de scrupules s’évanouit.

— Grazia ! murmurai-je.

Elle eut un lent mouvement, comme si elle se réveillait, mais sans avoir compris. Je la vis passer machinalement sa main sur son visage, humide sans doute.

— Grazia, repris-je, en soufflant tout bas les mots vers son oreille, c’est moi c’est votre ami ! j’ai besoin de vous parler. Ne vous retournez pas ; écoutez-moi seulement, et tâchez de me répondre de même, sans bruit.

Elle eut un frémissement et fit un léger signe de tête ; je vis qu’elle avait compris, et je poursuivis :

— Je viens au nom d’Effisio vous demander s’il est possible que vous puissiez abandonner celui qui vous aime et que vous aimez ?

Le ruban bleu de son corset s’agitait et