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La trouverais-je maintenant ! La recherche seule paraitrait suspecte. Aller plusieurs jours de suite chez de Ribas ; quand je n’y étais pas retourné depuis l’assemblée de famille, où l’on m’avait admis, c’était exciter inévitablement la surprise et la défiance. Il me fallait, réussir du premier coup. Mais le moyen ?

Ne trouvant rien de neuf, j’allai me promener sur le chemin de la fontaine, où je ne réussis, pendant une heure, qu’à m’attirer les regards et peut-être les quolibets des belles filles rieuses, qui montaient ou descendaient, la cruche droite ou renversée. Grazia ne venait point, et, quand même, comment lui parler au milieu de ces compagnes ? Je me voyais réduit à attendre bêtement un incident qui eût de l’esprit pour moi ; mais je ne pouvais raisonnablement y compter. Aussi éprouvais-je assez de mauvaise humeur.

D’autant que ma conscience n’était guère plus satisfaite que mon amour-propre. Séduire — et par procuration encore — la fille de son hôte, précisément en usant des droits de l’hospitalité dans un pays où l’hospitalité est une religion, ceci relevait peu mon courage, et, bien que je n’eusse aucun doute sur la supériorité des droits de l’amour et de la liberté personnelle, sur ceux de la famille, je n’en ressentais pas moins une impression pénible d’avoir à agir par des moyens occultes. Toutefois, renoncer à l’exécution de ma promesse, je ne la pouvais. Effisio l’attendait dans une fièvre d’espoir, et le matin même, en m’embrassant, il m’avait appelé son sauveur par avance.

— Je m’engageai de plus en plus dans la voie mauvaise, en voyant paraître Effisedda.

André Léo.

(À suivre.)