— Vous feriez mieux de passer la nuit ici, dit le Maccione.
Et il insistait.
— En vérité, c’est impossible, dit Effisio ; mon ami a un rendez-vous, qu’il ne voudrait pas manquer pour tout au monde.
— Un rendez-vous ! À minuit ?
— Non, à une heure, je crois ; n’est-ce pas ? ajouta-t-il, en se tournant vers moi.
J’appuyai son dire, et ils éclatèrent de rire, en s’écriant :
— Ah ! le Français !
Pourtant, nous eûmes un moment sérieux : le Maccione, avait pris l’arme d’Effisio, un remington, et le considérait avec envie :
— Voilà un beau et bon fusil !
— Oui, répondit Effisio, et dont je ne me séparerai jamais ; car c’est avec lui que je me suis battu pour la liberté.
— C’est juste ! dit le bandit.
Et il lâcha le fusil, que mon ami reprenait avec une sorte d’autorité.
Conduits jusqu’à la grande route par l’assassin du syndic, nous arrivâmes à Nuoro une heure après. Et, le lendemain, fidèles à nos promesses, nous expédiâmes Cubizudu à cheval, chargé des provisions susdites, et sans oublier les paquets de cigares, au lieu convenu.
XI
Je m’étais chargé d’une mission délicate : parler à Grazia et la faire consentir à nous suivre en France. Lui parler seulement n’était pas aisé. J’avais conservé mes entrées chez de Ribas ; mais comme Effisio, par une réserve nécessaire, n’y allait plus sans être appelé, je m’y présentais moi-même très-rarement. De plus, Grazia m’évitait, comme si j’eusse été pour elle une partie d’Effisio : Depuis un mois, je ne lui avais parlé en particulier et n’en aurais point eu l’occasion.