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tile, c’est juste qu’elle nourrisse la montagne ; et nous partions par bandes, tantôt pour le Campidano d’Ozieri, ou pour Bosa, et jusqu’à Oristano. Souvent, les femmes elles-mêmes venaient avec nous. Nous rapportions de l’argent, du bétail, tout ce que nous pouvions prendre ; et c’était fête au village quand nous revenions. Mais voilà qu’on vient nous dire qu’il ne faut plus faire ainsi, que le gouvernement va y mettre ordre, et que nous serons punis. Bah ! nous envoyons promener le gouvernement. Qu’il nous laisse tranquille est-ce qu’on peut vivre autrement ? Ce qui s’est fait se fera. Et nous continuons, naturellement, puisque c’était la coutume, en prenant seulement un peu plus de précautions. Mais une fois, ces maudits carabiniers nous tombent dessus, et en tuent des nôtres, et en font prisonniers. Beaucoup se sauvèrent, dont j’étais, et nous retournâmes dans notre village, où nous croyions être en sûreté. Pas du tout ! le lendemain, les carabiniers arrivent, fouillent toutes les maisons, et veulent emmener ceux qu’ils soupçonnent d’avoir été à la grassazione.

Ma femme me fit échapper, et le lendemain elle vint me dire qu’il ne fallait pas rentrer de sitôt, que les carabiniers restaient dans le village, et qu’ils me cherchaient. Je retournai bien chez nous plus tard, et de temps en temps. Nous fîmes, et nous ferons plus d’un coup, les amis et moi. Mais à présent, ces gens de justice deviennent de plus en plus enragés, et l’on ne peut plus dormir tranquille dans son lit. Depuis la mort de ma femme, je ne suis plus retourné à Lallove. On peut venir me trouver quand on a besoin de moi ; mais je veux laisser mes os dans la forêt et non pas dans la prison.

Les remerciant de nouveau, nous allions partir, quand le Maccione nous dit :

— Vous faites bien, les seigneurs avec nous. Pourquoi ne racontez-vous pas aussi vos histoires ?

— Parce que, lui dis-je, nous n’avons rien