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au fisc, outre les impôts de la commune et encore, ceux de la province. Mon père vendait chaque année quelque terrain pour s’acquitter, ou bien c’était le fisc lui-même qui faisait vendre, et, chose à faire mettre en colère tous les saints du paradis, nous n’en payions pas moins depuis dix ans les impositions des terres vendues, sans que mon père pat arriver à se faire dégrever.

À ce point du récit, je regardai Effisio d’an air étonné ; il me répondit laconiquement :

— C’est souvent ainsi.

Le jeune homme continuait :

« Mon pauvre père se dévorait d’ennui, et nous étions tous indignés, quand voilà qu’on veut faire des réparations à la mairie, au tribunal, que sais-je, pour mettre leurs seigueuries plus à l’aise et rendre la ville plus belle. Alors, le conseil vota une imposition nouvelle, et le syndic — il nous en voulait s’arrangea pour nous faire payer une forte somme ; mon père alors l’alla trouver et lui dit :

— Comment voulez-vous, Simone Sini, que puisse payer plus que mon bien ne produit ? Et cependant cela est ainsi depuis la dernière imposition de la commune. Voyez… Et il montra par le détail que c’était la vérité. Mais au lien d’avoir pitié de lui, le syndic se fâcha et répondit :

— Est-ce que c’est moi qui fais le cadastre ? va te faire dégrever par l’esatore, si tu peux ; mais pour la commune, il faut qu’elle ait de l’argent.

Mon père, quand il revint chez nous, était tout blême ; il se mit au lit le lendemain. Lui qui aimait tant son bien, quand il vit qu’il fallait y renoncer pièce à pièce, et que pas moyen n’était de vivre en travaillant, ce fut pour lui le coup de la mort : il ne s’en releva point. Pendant sa maladie, moi qui étais l’aîné, j’allai chez le syndic et lui dis :

— Simone Sini, mon père se meurt du