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sable dans ses vitres. Elle ne dormait pas non plus, puisque la fenêtre s’ouvrit aussitôt, et d’une voix tremblante :

— Que me veux-tu ?

— Je veux te parler, dis-je, viens ! Il faut que tu viennes !

— Prends garde ! si mon frère nous entendait.

Mais moi je ne craignais rien, sinon qu’elle ne m’aimât point et lui répétait :

— Viens ! Il faut absolument que je te parle, ou je passe ici la nuit.

Elle sortit à pas de loup ; j’étais fou de joie et je la serrais dans mes bras. Nous allâmes tout près de là, dans une cour abandonnée.

— Veux-tu être ma femme, lui demandai-je encore, et, cette fois, elle me dit oui.

Le lendemain, j’allai la demander à son frère ; mais c’était un garçon plein d’orgueil. Il ne me trouva pas un assez bon parti ; sa sœur était jolle, Il voulait la marier riche- ment et il me refusa net. Je lui dis :

— Prends garde ! bientôt je vaudrai mieux que toi, ce qui signifie, signor, vous n’êtes pas sans le comprendre, qu’un vivant vaut mieux qu’un mort.

Deux autres fois, encore, j’allai lui dire :

— Veux-tu me la donner ?

Mais il répondit toujours non et défendit à Tommasa de danser avec moi. J’allai un jour l’attendre sur le chemin de sa vigne et le tuai.

Il s’arrêta sur ce mot, du même air simple dont il avait parlé.

— Et naturellement, lui dis-je, cela ne vous a pas fait épouser la sœur.

— Non, signor ; mais autrement je ne l’aurais pas épousée non plus, et du moins, je me suis vengé.

— Voyez-vous, me dit le Maccione d’un air paternel ; il ne faut pas vous étonner. Nous sommes tous ainsi : On a de la misère ; mais on est content de s’être vengé. Nous ne sommes pas des minckioni (pleutres, dupes),